Silicon Valley Bank : que s’est-il passé ?
Il y a quelques jours, le secteur financier retenait son souffle à l’annonce de la faillite de la Silicon Valley Bank. Que faut-il comprendre de cette faillite et faut-il s’en inquiéter ?
La Silicon Valley Bank en bref
Comme son nom l’indique, la Silicon Valley Bank est une banque américaine originaire de Californie. Elle était notamment spécialisée sur les startups venant de la "Tech". À l’échelle nationale, elle était le 16ème plus gros préteur aux États-Unis et avait en sa possession près de 200 milliards de dollars américains d’actifs. Pour donner un ordre de grandeur, cela correspond à près de 7% du Produit Intérieur But (P.I.B.) Français en 2022.
Le contexte de la filière
Ces trois dernières années, nous avons pu constater que le secteur de la "Tech" était en plein boom. Ceci a eu pour conséquence d’accroitre la demande de financement notamment auprès des banques.
Néanmoins, il faut noter que l’évolution de la filière a commencé à être entachés par la faillite de structures importantes comme celle de FTX, entreprise spécialisée en cryptomonnaie, en novembre 2022.
La faillite
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est important de préciser le fonctionnement d’une banque. Cette dernière prête à ses clients sur des échéances de longs termes. Mais, afin de prêter toute cet argent, elle doit elle-même se financer en attendant les remboursements des prêts qu’elle a fourni. Par conséquent, elle se finance en partie sur les marchés financiers, mais à court terme.
Ainsi, face au boom de la filière de la "Tech", la Silicon Valley Bank, était en difficulté pour répondre aux demandes de ses clients. Par conséquent, elle s’est tourné vers les dépôts de ses déposants, des Treasury Securities (obligations d’états) ainsi que des Mortgages Backed Securities (obligations). Ces alternatives de financements ont une particularité : ils sont très sensibles aux variations des taux d’intérêts. Par conséquent, dans un contexte de fort inflation où les banques centrales remontent fortement leurs taux directeurs, la valeur des actifs de la banques s’est dépréciée jusqu’à rendre certains actifs insolubles. Face à cela, la Silicon Valley Bank a subit la fuite de certains de ses clients, ce qui a eu pour conséquence de mettre, peu à peu, la banque en difficulté jusque’à sa faillite le 10 mars 2023.
La réponse de la banque centrale américaine
Bien que le système bancaire américain s’était doté d’une réglementation permettant d’assurer les gros dépôts (supérieur à 250 000 dollars américains) à travers l’Insurance program, la banque centrale américaine (Federal Reserve System) a décidé d’aller plus loin et d’assurer l’ensemble des dépôts.
L’intervention rapide et importante de la banque centrale américaine a pour but de rassurer les marchés financiers et éviter toute prophétie autoréalisatrice. En d’autres termes, la peur d’une faillite ou d’une crise, pousse les déposants à un mouvement de panique en retirant leurs dépôts ou en vendant sur les marchés. Ces actions, et non la faillite en elle même, ont pour conséquence de mettre à mal d’autres structures qui peuvent être mené jusqu’à la faillite et ainsi entretenir une crise.
Et en Europe ?
Sur le continent européen, la crise financière de 2008 a permis de mettre en place des règlementations afin de vérifier les bilans des entreprises et imposer certaines contraintes. L’objectif était de réduire et de rendre le plus marginal possible le risque de faillite des banques européenne face à des possibles crises financières.
Les conséquences
Cette faillite montre, tout d’abord, que la hausse des taux d’intérêts après de nombreuses années de taux bas et presque nul, met en difficulté les habitudes sur les marchés financiers (c.f. article sur la Banque Centrale Européenne).
Toujours du côté des marchés financiers, l’inquiétude provoqué par la faillite de la Silicon Valley Bank, exacerbe la difficulté des structures comme le Crédit Suisse. La banque a reçu 50 milliards de Franc Suisse de liquidité de la part de sa banque centrale (Banque National Suisse) le jeudi 16 mars 2023.
Enfin, si cette faillite devait se propager dans le secteur financier, cela mettrait en difficulté les banques centrales notamment dans la mise en place d’une politique de lutte contre l’inflation. En effet ces dernières, remontent fortement leurs taux pour ralentir l’activité économique et ainsi baisser, peu à peu, l’inflation. En cas de crise financière, les banques centrales ont tendance à baisser leurs taux directeurs afin de relancer l’activité économique. Ainsi, en cas de crise financière, nous pouvons nous retrouver avec un outils pour résoudre deux objectif incompatible.
Néanmoins, les annonces de la banque centrale américaine semblent avoir fait effet, car l’ensemble des place financière semblent stable suite à la faillite de la Silicon Valley Bank. Cela ne veut pas pour autant dire que d’autres faillites ne se produiront pas notamment avec un système bancaire américain qui possède des disparités dans sa réglementation.