13 mars 2023

La finance face à la transition environnementale

La finance est rarement associée à une image environnementale. Néanmoins, le secteur subit des mutations dues au changement climatique. Décryptage d’un secteur qui commence à se poser des questions.

Le rôle de la finance

Pour commencer, quelques précisions sur le secteur financier ; ce dernier a pour fonction de financer des entités (états, entreprises, particuliers) ainsi qu’à les couvrir contre certains risques. En d’autres termes, sans le secteur financier, une économie ne pourrait pas disposer de prêts, d’épargnes ou d’assurances.

Face à des ambitions de transition environnementale marquées, le secteur de la finance peut jouer un rôle décisif. Les annonces d’initiatives pour atteindre certains objectifs comme la neutralité carbone, ont tendance à augmenter la capitalisation boursière des entreprises. Cet afflux de capital permet de participer à financer une transition rapide et couteuse.

Et nous, on peut participer ?

Bien entendu ! Les marchés financiers ne sont pas exclusivement réservés à quelques financiers. Les "petits porteurs" peuvent, à leur échelle, encourager ou sanctionner des entreprises.

Oui peut être mais comment ? Les entreprises cotées en bourse sont assez sensibles à leur valeur boursière. Suite à une annonce ou un événement, les porteurs peuvent vendre leurs actions pour faire chuter la valeur boursière ou au contraire effectuer un ordre d’achat pour encourager une entreprise. Bien entendu, seul, l’effet sera plus que marginal. Néanmoins certaines entreprises ont, par le passé, subit d’importantes pertes suite à des annonces ou d’évènements ayant portés atteintes à l’environnement. Nous pouvons prendre l’exemple de BP suite à la marée noire provoquée par une fuite de pétrole dans le golf du Mexique aux États-Unis en avril 2010.

La tragédie des horizons

Malgré cela, finance et environnement ont une différence de taille. La première a des échéances de court terme alors que le changement climatique nous impact à moyen et long terme. La finance n’internalise donc pas les risques climatiques bien que cela soit pointé du doigt par des financiers eux même comme Mark CARNEY en 2015 alors gouverneur de la Banque d’Angleterre.

Quel risques pour le secteur financier ?

Le secteur financier est vaste et ne se résume pas uniquement à l’échange d’actions d’entreprises sur une place boursière. Une des évolutions liée au changement climatique correspond au risque dit "physique". Il s’agit, tout simplement, des dommages ou des destructions liées à des événements provoqués par le réchauffement climatique. Il peut s’agir d’inondations, de tempêtes ou de sécheresses par exemple.

On observe, ces dernières années, une augmentation des événements catastrophes qui impliquent une augmentation des pertes pour les assureurs. Elles étaient de 10 milliards de dollars en 1980 et ont atteint 76 milliard de dollar en 2019.

À l’avenir, les enjeux seront bien plus importants avec l’augmentation de la fréquence des événements catastrophes. Il faut ajouter que ces événements toucheront plus fréquemment des pays de plus en plus développés, composés d'infrastructures plus coûteuse et d’un niveau de vie plus important.

Ça ne s’arrête pas là !

D’autres risques rodent sur le secteur financier. Il y a d’abord le risque dit de "responsabilité". Il s’agit des conséquences financières liées aux litiges et aux procès accusant certaines politiques ou des activités ayant favorisées le réchauffement climatique ainsi que ses conséquences. Ce type de procès touche autant les entreprises que les institutions et devient de plus en plus fréquent, notamment aux États-Unis.

Enfin il ne faut pas oublier le risque dit de "transition". Il s’agit des conséquences coûteuses d’une transition environnementale mal anticipée. Cela peut prendre la forme d’actif déprécié suite à une évolution de la réglementation ou suite à un changement de technologie. En d’autres termes, les investissements effectués sur des activités, par exemple polluantes, pourront ne pas être amortis. On parle alors d’actif échoué ou "standard asset".

L’impact du secteur financier

Le secteur financier subit, ainsi, des mutations qui font évoluer certains risques. Ces nouveaux enjeux donne un signal d’incitation, parmi d’autres, à certaines parties prenantes pour se tourner vers une transition environnementale.